La naissance d’un enfant, événement 2 en 1 impliquant généralement une grossesse et un accouchement, a des répercussions magistrales sur le corps de la femme ainsi que sur sa manière d’être à la vie.
Et donc sur sa posture à cheval.
Au vue des messages que je reçois, j’ai l’impression que cet impact est très clairement sous-estimé, que ce soit par les professionnels du cheval autant que par les jeunes mamans elles-mêmes, comme s’il n’y avait aucune transmissions ni connaissances sur ce sujet spécifique.
Quasiment à chaque accompagnement postural en post partum où j’interviens, la cavalière “jeune maman” finit par lâcher, hyper honteuse, un “je ne comprends pas pourquoi je me sens ainsi”.
Moi même maman de 3 enfants, j’ai clairement dû gérer 3 fois un nouveau corps tout chelou que je ne comprenais plus, et je peux vous assurer que j’étais contente de savoir “pourquoi” je me sentais aussi bizarre physiquement et aussi à l’ouest émotionnellement.
Alors j’ai décidé de vous faire un petit topo sur le sujet.
A savoir que le sujet est immensément vaste, aussi ai je pris le partie de simplifier à l’extrême le message (personne n’a envie de lire un article de 32 pages sur blog) en me concentrant sur l’impact physique et psychique de la grossesse sur la posture.
Un chapitre entier sera consacré à ce thème dans mon livre, donc pour ceux que ça intéresse je vous invite à patienter encore un peu :)
LES MODIFICATIONS MORPHOSTATIQUES ET LEUR IMPACT SUR LA POSTURE
Elles comprennent principalement les modifications liées à la morphologie et à la posture (analysée à pied), et concernent TOUTES LES FEMMES pendant la grossesse :
L’hyperlordose lombaire : le bas du dos qui se cambre
La cyphose dorsale : le dos qui se courbe
L’antéversion du bassin : les hanches basculent vers l’avant, entraînant les fessiers vers l’arrière
Une plus grande laxité ligamentaire
Une ouverture plus grande du bassin : il gagne en largeur
Un manque de tonicité musculaire (même celles qui sont très actives pendant la grossesse)
Le déplacement du centre de gravité : la proprioception est modifiée, l’équilibre réajusté
Ces modifications ont pour rôle de permettre au bébé de prendre sa place dans le corps de sa mère et de lui permettre également de sortir quand il est à point (en théorie).
Vous pouvez imaginez sans peine que s’il a fallu 9 mois pour changer le corps de la femme, ça ne reviendra pas comme avant en 8 secondes chrono (même avec tous les programmes payant du monde).
Au niveau de la posture à cheval, que ce soit quelques semaines après l’accouchement jusqu’à plusieurs années, on peut voir clairement des “schémas” qui se retrouvent chez la majorité des jeunes mamans :
un manque de soutien global, une hypotonie musculaire
l’assise qui n’est pas à la bonne place, entraînant une antéversion ou une rétroversion excessive du bassin selon la morphologie de départ
les jambes qui avancent, les pointes de pieds tournés vers l’extérieur, la zone de contact n’est plus la même
une hyperlaxité (bassin, genoux, chevilles principalement)
les épaules en avant, le dos voussé
un manque de fixité dans la posture
un manque de précision dans les demandes.
Tout ceci n’a évidemment rien d’irrémédiable ni de définitif et se normalise avec le temps et des exercices. Mais, en toute honnêteté, il y a des modifications qui perdurent, un rééquilibrage de la posture à gérer qui va évoluer pendant quelque temps (jusqu’à 5 ans après l’accouchement).
LES MODIFICATIONS PSYCHIQUES
Toutes les mamans le savent, la naissance d’un enfant est un vrai tsunami émotionnel. Le monde n’a pas changé en apparence, mais la perception du monde n’est absolument plus la même.
Cette transformation peut être ressentie plus ou moins intensément, mais devenir responsable de la vie d’un petit être amène forcément à voir la vie sous un nouveau jour. En prime, il y a très souvent un manque de sommeil, les hormones en pagaille, l’ambivalence des sentiments, un quotidien chamboulé qui n’aident ni à garder la tête froide ni à garder son discernement.
Donc, en plus de la difficulté de retrouver sa place en selle, les émotions/sensations sont sans dessus dessous.
On retrouve souvent la peur (merci l’instinct de survie) une sensibilité exacerbée (initialement conçue pour ressentir les besoins de son bébé, mais qui se transforme en hyperperception d’à peu près tout), une perte de confiance globale, un sentiment de lenteur, voir de torpeur (en vrai c’est car nous sommes censées ne rien faire d’autre que de pouponner).
Au final, ces changements génèrent souvent un sentiment d’incapacité, de submersion, voire de perte d’envie.
QU’EST CE QUI PEUT AIDER ?
La 1ère chose, et peut être l’unique, c’est d'ÉCOUTER SES BESOINS, et non pas les humains qui semblent savoir mieux que soit ce qui est juste pour soi.
Chaque personne est différente, dans son corps, dans son être, mais aussi dans la manière dont elle vit cet événement. C’est hyper important de respecter son propre rythme, de suivre ses ressentis et de NE PAS se comparer (surtout pas à votre pote Jeanine qui était à cheval 4 jours après sa césa).
J’ai quand même envie de vous lister quelques éléments importants à mes yeux mais gardez en tête que vos ressentis / besoins / intuitions sont largement prioritaires! :
Vérifier les abdominaux et le périnée (supra important)
Une visite est prévue autour de 6/8 semaines, et si une rééducation doit être faite, mettez la en place assez rapidement.
J’invite à refaire un check chez une sage femme 1 an après la naissance, car parfois il suffit d’une vilaine toux ou d’une constipation pour que le périné s’affaiblisse (amis du glamour bonjour).
Retravailler vos muscles profonds avec des exercices d’abdominaux en hypopressif (sûrs et efficaces) puis des exercices de gainage, surtout si vous prévoyez de remonter rapidement, où que vous avez des exigences posturales (cavalière pro) ou des problèmes de dos. La rééducation “préconisée” ne suffit pas et beaucoup de cavalières prennent le pli de “monter sans ventre” et de compenser autrement, ce qui est délétère pour la posture.
Reprenez une activité qui aide à vous reconnecter à votre corps : marche, chi gong, yoga, … seule ou avec bébé.
Majoritairement, les femmes sont centrées sur leur bébé et la gestion du quotidien (et du travail) et ne se remettent pas en mouvement rapidement.
On sait à quel point l’activité, même légère, est bénéfique, générant une reprise de tonicité et un apaisement émotionnel.
Et une Maman bien dans ses pompes, c’est aussi un bébé heureux.
Faites vérifier votre selle. Vous avez changé, peut-être que votre cheval aussi, et vous avez peut-être besoin d’un modèle un petit peu différent car votre bassin s’est modifié, changeant votre assise et le placement de vos jambes. Pour autant, n’allez pas nécessairement racheter une selle sur mesure que vous serez obligé de revendre dans quelques mois, mais prévoir un modèle intermédiaire peut être une excellente idée. Parlez en à votre saddle fitter (et pas à un marchand de selle svp)
Prenez conscience de votre nouvel état émotionnel.
Si vous avez des peurs, des inquiétudes, une perte de confiance, une perte de sens, de la colère, de la frustration… Il est important d’accueillir cet état sans s’y identifier, et de ressentir s’il est nécessaire d’être accompagné dans cette transition :) . Et pour rappel : tout cela est NORMAL!
Évidemment, j’invite les professionnels du cheval, notamment les coachs, à prendre en compte ces différents paramètres pour aider la personne à trouver ses nouvelles marques et à ne pas subir de perte de confiance. J’ai trop souvent entendu des phrases blessantes qui ont un impact profondément négatif sur l’avenir équestre de la jeune maman (et sur son estime personnelle).
Et je le redis encore, ECOUTEZ vous! Vous seules savez ce qui est juste pour vous!!!
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