Les “A PRIORI” concernant la pratique du yoga

A chaque rentrée de septembre, je reçois tout un tas de messages pour des inscriptions aux cours ou aux stages de yoga.

Et avec les inscriptions viennent aussi les questions/affirmations potentiellement bizarres, qui commencent toujours par “j’aimerai bien faire du yoga MAIS”, suivi d’une ou plusieurs idées préconçues concernant cette discipline autant mystérieuse que déroutante pour un néophyte.

Pour bien démarrer la saison, j’ai eu envie de vous faire une petite compilation de ces idées reçues, histoire que vous vous sentiez moins seuls (et accessoirement d’apporter des réponses à vos questionnements les plus fous).

• Number one (la plus répandue) : “je ne suis pas assez souple”
  

Celle là, c’est la plus fréquente, une de mes préférées, qui rejoint aussi le “j’ai les bras trop courts” que j’entends à peu près 12 fois par semaine (sans exagération). Alors, soyons honnête, passé 10 ans, le corps perd en souplesse chez TOUT LE MONDE (sauf gymnastes, danseurs, contorsionnistes et hyperlaxes). Par contre, selon sa génétique, son profil, les activités pratiquées, c’est plus ou moins marqué chez certains. - Est ce que ça empêche de pratiquer le yoga : NON - Les bénéfices de la pratique quand on est raide comme un piquet : Le yoga va amener rapidement un réel mieux être, les fascias deviennent plus élastiques, le corps semble “respirer”, la progression est relativement rapide, et le risque de blessure est minime (et oui, le corps ne va jamais “trop loin”!). - L’anecdote du prof : c’est souvent les élèves “raides” qui sont le plus réguliers en cours. Car ils s'aperçoivent très vite des bénéfices. Si en plus ils pratiquent d’autres activités (équitation, jogging, escalade), ils se rendent compte qu’ils progressent aussi dans les autres activités!

• Number Two (celle qui m’attriste le +) “je ne suis pas assez mince”

Quand j’entends cette phrase, je me fige, je me tend comme une ficelle de string, et je bascule en mode colère contre cette société qui donne l’impression à toute personne en surpoids d’être handicapée / en incapacité / ne pas avoir de volonté / de devoir “avoir honte”. Il y a effectivement des postures qui sont au départ moins accessibles que d’autres, simplement parce que l’épaisseur du corps à certains endroits peut gêner (typiquement toucher ses genoux avec son nez… ce que dans la vraie vie personne n’a besoin de faire). Mais globalement, avec quelques ajustements, tout est possible! - Est ce que ça empêche de pratiquer le yoga : NON - Est ce que le yoga fait maigrir : NON (je prône l'honnêteté!). - Les bénéfices de la pratique : le yoga va permettre de se reconnecter à son corps, en étant dans le respect de soi. Ça aide les énergies à circuler, ce qui soutient le métabolisme à être en bonne santé. Cela aide à reprendre confiance en soi et en ses capacités. Et ça c'est précieux!

- L’anecdote du prof : je préfère voir tout type de personnes en cours, mince, ronde, petites, géantes, tordus, raides, bossus, car le yoga c’est pour TOUT le MONDE! C’est aux profs de s’adapter, pas aux élèves!

• Number 3 (celle que j’ai ressenti avant de commencer) : “je ne suis pas assez calme / zen”

J’ai personnellement tourné très longtemps avec cette croyance. Il faut être zen pour commencer le yoga (suivi de : le yoga c’est ennuyeux). Et, spoiler alert, je ne suis ni calme ni zen, ce qui ne m’empêche d’ailleurs pas d’enseigner le yoga! En fait, il faut changer de perspective. C’est la pratique du yoga qui va amener un apaisement, et non pas le fait d’être calme qui pousse à faire du yoga. Sinon mes cours seraient vides…. Ne nous leurrons pas, les vrais calmes ne cherchent pas à se calmer.

- Est ce qu’être totalement speed empêche de faire du yoga : NON (mais choisissez une pratique dynamique pour éviter de vous en prendre au prof par excès d’ennui)

- Les bénéfices de la pratique : les énergies circulent, le mental se pose, les hormones du stress se régulent, le système nerveux vous remercie. Vos enfants aussi. Et peut être même que votre mari va vouloir s’y mettre (car le yoga c’est aussi pour les hommes… voir la number 4).

- L’anecdote du prof : le yoga ne m’a pas rendue calme. Ni zen. Mais consciente de mes fonctionnements, et outillées pour y faire face. Et c’est déjà bien.

• Number 4 (celle que je ne comprends toujours pas) : le yoga c’est pour les femmes

C’est vrai, le yoga est adapté aux femmes. Et également aux hommes. Et également aux personnalités non binaires.

Traditionnellement en Inde, la majorité des pratiquants étaient de sexe masculin car cette pratique leur était réservée et était relié à une forme d’engagement ascétique. En occident, très peu d’hommes se tournent vers cette discipline pour diverses raisons (je vous ferai un rapport sociologique quand j’aurai 5 min), bien que la pratique se démocratise.

- Est ce qu’être un homme empêche de faire du yoga : NON

- Les bénéfices de la pratique pour les hommes : les mêmes que pour les femmes

- L’anecdote du prof : les hommes qui arrivent en cours le font généralement pour 3 raisons. Soit ce sont des sportifs avérés qui veulent progresser dans l’autre discipline, soit ils ont des soucis physiques, soit c’est leur femme qui les a obligé. Dans le 3ème cas, au bout de quelques séances Mr continue de venir assidûment, alors que Mme disparaît des effectifs… Si quelqu’un sait pourquoi, je veux bien l’info.

• Number 5 (ma préférée) : le yoga c’est bizarre…

Alors oui, ça peut être bizarre. Parfois on vous propose des chants chelous et des respirations bruyantes, d’autres fois il y a des bougies, voir de l’encens, le prof peut avoir des dreads et les élèves sentir le patchouli. Certaines postures paraissent atteignables seulement aux invertébrés, avec en prime des noms imprononçables. Mais en vrai, il faut essayer, car chaque cours, chaque prof, chaque pratique est différente.

- Est ce qu’être fermé du bulbe empêche de faire du yoga : OUI (honnêteté power)

- Les bénéfices de la pratique : l’ouverture d’esprit n’est pas une fracture du crâne. Et vous pourriez être surpris!

- L'anecdote du prof : la première fois que j’ai pris un cours, quand la prof nous a fait chanter le “Om”, j’ai cru que c’était une blague. Et puis elle a commencé par dire “on va commencer la séquence en Balasana, n’hésitez pas à prendre la respiration en Udjaï si cela vous est confortable”. Là, j’ai buggé, me demandant si j’étais dans une secte ou un cours de langue vivante (ou morte, je n’en savais rien au final). 15 ans après, c’est moi la prof chelou, et même si j’essaye vraiment d’adapter la pratique aux typicités occidentales, je suis sans doute une prof chelou. Qui adore le yoga. Et les gens. Et la diversité.

Et toi, quels étaient (ou sont) tes à priori concernant le yoga?